C'est à Jackson, Mississippi que le cadet des Dewitt vit le jour une journée ensoleillée de printemps. Son grand frère de cinq ans son ainé prit son rôle très au sérieux et malgré leur différence d'âge, les deux garçons ont toujours été très proches. Issu de la classe moyenne, la mère de William est une mère au foyer alors que monsieur Dewitt est chargé d'imprimer le journal de la ville. L'impression ainsi que la photographie passionnent très tôt William qui suit son père à l'imprimerie quand il n'est pas à l'école. Dès l'âge de onze ans, il demande directement au patron de son père s'il ne peut pas lui donner une place pour quelques heures par semaines à l'imprimerie. Il est alors chargé de vérifier chaque page de chaque journal pour s'assurer que l'encre n'avait pas coulé. En soi, ce poste, personne n'en voulait. Pour William, c'était une grande fierté et il fut d'autant plus heureux quand après de longues heures de labeur, il put enfin s'offrir l'appareil photo de ses rêves que ses parents ne pouvaient lui acheter. William s'exerce à ses passions en même temps qu'il finit le second cycle à l'école. À l'âge de quinze ans, il arrête ses études après le collège quand il reçoit un poste en tant qu'imprimeur aux côtés de son père aujourd'hui retraité. Cependant, William est une personne autodidacte et sa culture ne cesse de s'agrandir. Il fréquente la famille Bukater à de nombreuses reprises pour affaires et c'est ainsi qu'il s'éprend à ressentir quelque chose de fort pour Jane, leur fille. Les Bukater sont craints, adulés ou en tout cas très réputés à Pearl, Mississpi, ville voisine de Jackson. Madame Bukater n'approuvera pas leur histoire qui est véritablement réciproque pour la jeune femme qui se moque bien du contenu du compte en banque de son amoureux, contrairement à sa mère. C'est en froid avec sa belle famille que William s'installe avec sa jeune épouse. Il est aujourd'hi papa d'une petite Elizabeth, que le couple considère comme un cadeau du ciel après les répétés malheurs liés aux grossesses difficiles et fausses couches de Jane.

On dit que chaque homme nait égal aux autres. C'est faux , bien sûr, et les lois Jim Craws le montrent bien. Mais c'est aussi quand on s'appelle Bukater que l'on peut affirmer que cette déclaration est fausse. James, comme tous les Bukater, est né en étant certain d'avoir un avenir prestigieux. Monsieur et Madame Bukater étaient deux bourgeois américains atypiques puisqu'ils voyageaient toujours à travers le monde. Ainsi, James grandit en découvrant l'Afrique chaude et sableuse avec ses animaux sauvages. Il passe les huit premi-res années de sa vie à voyager entre l'Afrique, l'Arizona et Pearl, Mississippi, la ville d'origine de ses parents. Les Bukater possèdent une notoriété dans la ville du Mississippi et James aime cet environnement luxueux et bourgeois qu'il doit un peu mettre de côté lors des expéditions de ses parents. À l'âge de huit ans, quand ses parents attendent la venue de jumeaux, ils sont en Malaisie pour étudier les tigres et leur domptage intéresse James qui se familiarise enfin avec les aventures de ses parents. Avec l'arrivée des jumeaux, il devient quelque peu jaloux de ne plus être le fils unique qu'il était. En grandissant, les jumeaux sont très proches, James se sent plus isolé. En 1942, James perd son père qui était parti au front aux côtés des soldats américains alors que les États-Unis étaient tout juste rentrés en guerre en décembre 1941. Les voyages s'arrêtent là pour les Bukater, leur vie change, leur confort reste entier mais c'est leur cœur qui prend un coup. Chacun le montre à sa façon. James Junior, en portant le prénom de son père, devient aussi déterminé que l'était son paternel. Il souhaite devenir reconnu et montrer son amour pour Pearl. Il entâme des études de Sciences Politiques pour le plus grand bonheur de sa mère et il redevient son fils adoré. Heureux d'être reconnu par la population de la ville et de voir des étoiles dans le regard maternel, on peut dire que James a réussi l'ascension propre aux Bukater. L'ainé de la famille remplit bien l'image de la famille...

Rosemary a connu tous les états dans la vie, on peut le dire. D'abord, elle reconnait encore aujourd'hui avoir eu une enfance de princesse. Toujours apprêtée, elle possédait les plus jolies poupées et disait souvent qu'elle avait même la plus jolie servante. C'était Helen Gryfolt, elle s'en souvient encore. Et pour cause, sa fille Molly est aujourd'hui la servante de son foyer. La petite Rose qu'elle était enfant n'existe plus. Aujourd'hui, elle est froide et distante avec Molly, la fille d'Helen. Elle n'éprouvera jamais aucun sentiment à l'égard de sa servante, ou peut-être pour la rabaisser plus bas que terre. Aujourd'hui, Rosemary veut garder un visage de marbre et, comme elle est fière que son fils ainé soit le maire de la ville, elle soutient ses projets, et ses idéologies. Mais Rosemary souffre. C'est cette nostalgie douloureuse, cette souffrance permanente qui la rende si sévère. Madame Bukater a du mal encore, vingt ans après, à vivre sans son défunt mari. Elle aimait sa vie avec James, celle de partir en Afrique vivre aux rythme de la savane et de ses réserves pour protéger les animaux; elle adorait dresser un tigre en Malaisie, si bien qu'elle aurait pu en faire un majestueux animal de compagnie. Ces années-là, Rosemary les considère comme l'apogée de sa vie, de son bonheur. Elle était aventurière, en avait tout d'une, en tout cas. Elle se sentait belle, son amour pour son mari était entier, intense, et réciproque. Ces trois enfants, elle les aimaient plus que tout au monde et elle était radieuse à l'idée de leur faire partager sa passion pour la faune sauvage. Mais cette vie n'existe plus. Elle a disparu avec la guerre de Quarante, avec la disparition de son mari. Elle se souvient encore de la tête du militaire qui retira son béret sur le porche de sa somptueuse maison, cette vision d'horreur, en un regard elle avait compris, sa vie était détruite. La chute fut douloureuse. Elle interdit à sa fille Jane d'épouser un homme qui ne correspond à ses critères. Sa fille lui ressemble tant, comme elle à son âge, Jane n'écoute pas sa mère. Rosemary souffre de la distance qui se creuse avec ses jumeaux et reporte toute son attention sur son ainé. Peu à peu, grâce à la société qui est pleine de choses agréables pour les riches blancs de Pearl, Rosemary remonte à la surface, mais elle a bien des choses à régler encore.